Un graphique représentant les gains cumulés entre 1988 et 2008, selon les centiles de la distribution mondiale des revenus, montre que les gains cumulatifs les plus importants ont été de 80 % pour les ménages entre les 40e et le 60e centile, soit aux alentours du revenu médian global (entre 1 000 $ et 2 000 $), ce qui représente un cinquième de l’humanité, dont les neuf dixièmes proviennent de l’Asie : Chine, Inde, Thaïlande, Viêtnam, Indonésie. On constate aussi qu’entre le 75e et le 90e centile (des revenus entre 5 000 $ et 10 000 $) les gains sont pratiquement nuls. Les trois quarts des personnes de ce groupe proviennent de la moitié la plus pauvre des pays riches de l’OCDE. Les 1 % les plus riches de l’humanité ont accru leurs revenus d’environ 65 % entre 1988 et 2008. Ce sont les personnes ayant des revenus de plus de 71 000 $ par année en 2008. La moitié de ces personnes sont américaines, soit 12 % des américains. En valeur absolue, 44 % des gains de la croissance entre 1988 et 2008 est allé aux 5 % les plus riches de la planète, ce qui représente environ 350 millions de personne essentiellement dans les pays riches. Même si les classes moyennes des pays émergents ont connu la plus importante croissance en pourcentage de leurs revenus, ils n’ont accaparé qu’entre 12 % et 13 % des revenus globaux durant cette période.
Conséquemment, les prédictions pessimistes sur la stagnation perpétuelle de l’Asie ne se sont pas concrétisées. Les bénéfices de la mondialisation attendus par les politiciens du Nord ne sont pas au rendez-vous pour la majorité de leurs populations. L’augmentation des inégalités dans les pays riches s’explique donc clairement, avec les gains nuls de la partie pauvre de leur population et l’accaparement de 44 % de la croissance par les 5 % les plus riches.