L’économie circulaire est un type d’économie qui vise à se substituer à l’économie dite linéaire qui mène à la production de déchets. Le fait est que, d’ici 2050, la terre comptera une population de 12 milliards d’habitants et que ses besoins de consommation seront tels que même les ressources renouvelables ne suffiront plus à y répondre. La classe moyenne devrait doubler d’ici 15 ans et sa consommation est de 1,6 tonne per capita.
On parle d’économie circulaire depuis les années 1970. Ce type d’économie vise à maximiser les ressources déjà existantes, arrêter le gaspillage et cesser de jeter les matières.
Cette économie tend au développent durable. Il s’agit de faire circuler les ressources déjà dans le marché suivant un cycle visant la mobilisation, le recyclage, le réemploi, la redistribution des biens et la création de plateformes technologiques, le tout impliquant la convergence d’intérêts de toute la société, des gouvernements et des entrepreneurs. C’est une économie de collaboration entre les différents acteurs de la société; d’où une certaine difficulté d’harmonisation.
Les pays d’Europe et la Chine ont été les premiers intéressés par l’économie circulaire; ils ont institué des politiques encourageant ce type d’économie, le partage de données et l’offre d’incitatifs.
L’économie circulaire se joue principalement à l’échelle des territoires, donc des villes. L’efficience d’une ville est la responsabilité de ses commettants. Les villes peuvent être des espaces de solutions gagnantes économiquement.
Les exemples de Paris et de Bruxelles : il y a en place des dispositifs de mobilisation d’acteurs pour des connaissances partagées, un diagnostic de la ville, la connaissance des nutriments biologiques et techniques sur leur territoire et un métabolisme urbain actif. La ville est un système matériel où il y a des boucles alimentaires c’est-à-dire des circuits courts entre la production, la consommation et le retour à du matériel utilisable. On y évite les prélèvements lointains.
- On parle de la trame bleue, celle qui consiste à mettre en valeur les ressources cachées dans un but de renouvellement de l’économie locale. Par exemple, à Paris, on pratique l’échange de terrains, de matériaux de construction, de terre, etc. On y pratique le flux des matières et des acteurs. On crée ainsi un modèle collaboratif, un milieu innovateur, local.
- C’est le concept du « help yourself » : le modèle de la ville-entreprise qui gère son eau, ses déchets, ses jardins. La ville qui consomme des matériaux et favorise l’écoconception.
- La ville développe ainsi de nouvelles compétences relatives à la lutte au gaspillage alimentaire, au gaspillage des matériaux de construction. Elle récupère, crée de nouveaux partenariats et développe une économie urbaine en mettant en lien ses services environnementaux et ses services économiques; elle s’implique dans les start-ups.
- La ville élimine les risques par des circuits courts.
Panel : volet citoyens et entreprises
L’économie collaborative et l’agriculture urbaine par Mélanie McDonald, professeure de design, Université de Montréal
Il s’agit là d’une stratégie de redistribution. 70 % de l’eau potable va à l’alimentation. La production alimentaire issue de l’agriculture urbaine est réinvestie dans les villes. Par des jardins communautaires, des jardins collectifs, des terres agricoles en ville. L’agriculture urbaine à Montréal est en plein essor. On distribue des paniers d’alimentation provenant de la culture locale. L’Aquaponie - une forme d'aquaculture intégrée qui associe une culture de végétaux en « symbiose » avec l'élevage de poissons - est très utilisée; tout est récupéré dans la production des aliments par un circuit interne.
Il s’agit de combattre le gaspillage; comme, en moyenne, un sac d’épicerie sur quatre serait jeté, il convient donc de redistribuer les produits périmés mais encore comestibles. Les légumes moches, par exemple, c’est-à-dire ceux qui ne répondent pas aux critères esthétiques du marché conventionnel.
Exemples
- À Paris, le concept OPTIMIAM dans le domaine de la boulangerie. C’est la cuisine de partage, la cuisine collective, la location d’outils de cuisine; et La Cocina, la mise en marché collective de leurs produits.
- Autre exemple : le Real Food : une structure collective de la restauration.
Les Fablabs par Julien Lamarche, président de La Fabrique, Sherbrooke
Le concept de Fablab en est un de partage des outils et des espaces pour créer des ateliers où chacun fait sa production artisanale ou offre ses services avec des outils partagés. L’un des objectifs est de remettre les artisans locaux au cœur de l’économie des villes. Il s’agit aussi de recherche et développement citoyen.
L’idéal serait d’avoir un FabLab par quartier.
Communauto par Benoît Robert, président
Les jeunes sont de moins en moins propriétaires d’automobiles; ils ne s’identifient pas par rapport à la voiture. Paradoxalement, il y a de plus en plus de voitures sur le marché.
Par ailleurs, il est démontré que pour 82 % des gens, l’usage d’une voiture est plus important que de posséder soi-même une voiture.
La ville de Helsinki, par exemple, travaille à bannir l’usage de la voiture en ville.
Discussion du panel sur les nouveaux modèles d’affaires
Les nouveaux modèles d’affaires sont à l’effet que le citoyen participe à l’économie.
La discussion débute par une question : Dans un contexte d’économie circulaire, la rue Sainte-Catherine, cela donnerait quoi?
Le panel n’a pas vraiment répondu à cette question. Par ailleurs, la fabrication de pièces pour réparer les appareils électroniques au lieu de les jeter et en acheter d’autres a été suggérée.
On mentionne l’exemple du projet New York où la valeur des services que nous rend la nature, dans ce cas les milieux humides, sont évalués monétairement. Voir le site.
Selon le mouvement des FabLabs, d’ici 2050, les villes pourraient être autonomes au plan de l’énergie et des aliments.
Panel gestion municipale et territoire
Pascale Rouillé,directrice de l’aménagement, Vinci Consultants, experte en génie, ruissellement de l’eau
La gestion de l’eau est un catalyseur de la démarche durable, un médium pour le développement durable. La gestion des déchets est son métabolisme. Exemple de réhabilitation d’un site industriel (Services Dickson).
Autre exemple, les circuits interbassins de la ville de Mercier, des espaces d’infrastructures qui deviennent des espaces de qualité pour les citoyens. Il s’agit dans ce cas de 11 bassins reliés et intégrés à une place publique.
Autre exemple, le marché public à Longueuil comportant un programme d’entretien de la gestion de l’eau.
Laurent Sprentels, ingénieur, École polytechnique, Université de Montréal
La création de débouchés pour les matières et l’énergie.
L’exemple est donné de conduits souterrains servant à la collecte de déchets à Varennes.
L’exemple de la ville de Copenhague où un parc a été aménagé tout autour de l’incinérateur.
L’idée de créer des dalles de sol à partir des déchets de construction. On transforme en poudre les déchets de la voirie pour les reconvertir en dalles.
La création en ville de réseaux de chaleur pour développer de l’énergie.
Martin Damphousse, maire de Varennes (population de 21 000 habitants)
L’économie circulaire fait maintenant partie du vocabulaire des municipalités. Avec, par exemple, la biométhanisation et le biocarburant.
Exemple de Énerkem en thermochimie :
La ville de Varennes reprendra ce modèle d’Énerkem pour viser 0 déchet.
Varennes utilise un système d’éclairage à DEL et encourage l’usage de la voiture électrique avec 7 bornes disponibles en service gratuit.
La bibliothèque est à 0 consommation d’énergie : panneaux solaires.
La densification autour du seul terrain libre est d’immeubles de 10 étages maximum. (Lors de la période de questions, on a demandé en quoi une telle mesure était considérée comme mesure de progrès en banlieue. Le maire a répondu que personne ne s’était plaint de cette mesure.)
À Varennes, il y a un marché tous les mercredis.
Déploiement de l’économie circulaire sur un territoire, Thierry Maraishall, de la Ville de Paris
- Volume d’import de matières à Paris : 10 M de tonnes dont 20 % sont des aliments.
- Paris a un plan stratégique pour 0 déchet alimentaire.
- Paris veut se réinventer avec son agriculture urbaine
- Un budget participatif de 5 % est dédié aux projets citoyens.
- Beaucoup de ces projets relèvent de l’économie circulaire; ils visent la lutte contre le gaspillage et le réemploi.
- Des logements utilisent la géothermie pour le chauffage.
- 25 % du territoire est végétalisé.
- Il y a une agence d’écologie urbaine :
- Les projets d’architectes également y sont axés sur l’économie circulaire.
L’objectif est d’augmenter les flux internes dans la ville, c’est-à-dire conserver les matières qui y entrent et les transformer pour autre usage après qu’elles aient été utilisées.
Cela exige une collaboration entre tous les acteurs dans un esprit d’anticipation de l’avenir et des marchés. À cet égard, l’échange de terres entre les divers acteurs est important.
Pacte du Grand Paris pour l’économie circulaire
Avec 14 autres collectivités d’Île-de-France, Paris s’engage à promouvoir l’innovation environnementale et l’économie circulaire.
Face au défi global du dérèglement climatique, les collectivités locales doivent être des pionnières dans l’innovation environnementale. C’est pourquoi Paris et 14 collectivités métropolitaines ont décidé de co-organiser les États généraux de l’économie circulaire et de signer, le 16 septembre 2015, un Pacte du Grand Paris pour l’économie circulaire, à travers lequel elles s’engagent à mettre en œuvre rapidement des actions concrètes pour impulser l’économie circulaire dans le Grand Paris, notamment :
- Échanger sur les bonnes pratiques pour une commande publique socialement et écologiquement responsable;
- Lutter contre le gaspillage alimentaire;
- Développer les agricultures urbaines et périurbaines;
- Développer les logiques de valorisation des déchets;
- Créer une charte commune de l’éco-construction;
- Élaborer une charte commune d’événements écoresponsables.
Il est à noter que c’est sous la pression des citoyens de Paris que la mairesse de Paris a fait de l’économie circulaire un enjeu électoral; c’est que les citoyens désiraient l’élaboration d’un tel scénario de vie.
L’implantation se fait par quartier. Pour commencer la trajectoire, il faut d’abord recenser tout ce qui entre dans le quartier et tout ce qui en sort; ensuite travailler avec cette matière en vue d’en doubler l’efficacité, de la faire durer deux fois plus longtemps.
Ex. : Donner une autre vie aux meubles par le travail d’artisans locaux.
Le plan est intégré au processus de plainte de la Ville.
L’économie circulaire est le 5e pilier du développement durable. Ce n’est pas un concept c’est une méthodologie d’action, un moyen.
Travail en atelier, Nathalie Coaticook, Design, Université de Montréal
Quatre groupes sont formés. Il s’agit d’inventorier les ressources d’un quartier. Les participants sont invités à identifier des projets locaux, des initiatives pour trouver des exemples inspirants.
Dans un quartier, il faut en effet pouvoir déterminer quelles sont les ressources qui y existent pour pouvoir créer des indicateurs et des mesures de performance. Ce sont des outils d’urbanisme.
On réfère à l’auto-partage, l’emploi lié à ces innovations, les initiatives de Climat-Montréal.
Plénière de fin de rencontre
Il n’y a pas eu beaucoup d’exemples donnés d’initiatives en économie circulaire. Par ailleurs, les urbanistes ont fait valoir qu’ils avaient dû être les porteurs du développement durable, sans en avoir les ressources. De même, ils se voient maintenant désignés comme les porteurs de l’économie circulaire sans en avoir les moyens ni le temps.
Il est également souligné que les villes devront se donner les moyens de trouver d’autres sources de revenus que l’immobilier pour faire travailler tout le monde et avoir accès à la créativité de l’intelligence locale.
On mentionne également que l’économie circulaire n’est pas qu’un concept mais qu’elle est une forme d’économie qui doit être rentable économiquement et générer des emplois payants localement.
Étaient présents : 150 participants, principalement membres de l’Ordre des urbanistes, mais aussi du public en général dont un membre du Collectif implique-action 55+ et la présidente du Réseau des accorderies.
Par Mireille Bonin, membre du Collectif implique-action 55+
L'Ordre des urbanistes du Québec. Économie circulaire, urbanisme, ville et territoire, 8 février 2016 à Montréal.