Atelier le lundi 19 novembre 2018, 13 h 30 à 16 h30
Centre sportif de Sainte-Foy, 930, avenue Roland-Beaudin, salle 115, Québec
Le déclin annoncé des énergies fossiles, plus particulièrement du pétrole, la détérioration de la biodiversité, la surexploitation des ressources naturelles et les changements climatiques sont des sujets d'actualité bien documentés. Quels liens y a t-il avec la sécurité alimentaire que, de façon générale, nous tenons largement pour acquise? Et surtout, quels sont les liens entre cette sécurité alimentaire et le pic pétrolier? Nous dirigeons-nous vers une situation « hors norme » et « jamais vécue » par les générations actuelles dans les pays industriels? La présentation de José Velasco, solidement documentée et illustrée de nombreux graphiques, répond à ces questions de façon sérieuse sans qu'il soit nécessaire de connaître le jargon scientifique.
Croissance
L’Anthropocène se définit comme étant l’époque géologique où les forces humaines bouleversent les grands cycles biochimiques du système-Terre, période débutant à la Révolution industrielle, soit vers la fin du XVIIIe siècle à aujourd’hui. Cette période se caractérise par des améliorations significatives du niveau de vie dans les zones industrialisées. En revanche, la détérioration de la biodiversité, la surexploitation des ressources naturelles et le bouleversement climatique en sont les conséquences.
Le développement et la croissance économique constants reposent sur l’utilisation intensive des énergies fossiles au point où le PIB mondial repose presque complètement sur la consommation incessante de ces énergies. Mais sans l’avènement du pétrole, nos économies modernes seraient impossibles.
Décroissance
L’ensemble des chercheurs dans ce domaine s’accorde pour crier haut et fort que l’ère du pétrole abondant et peu cher est révolue. Oui, il y a encore des réserves pétrolières loin d’être sèches. Cependant, tous avancent que les prix des extractions et du raffinage rendront prohibitifs l’achat de pétrole disponible. Selon cette hypothèse, la rareté du pétrole dans les prochaines années affectera grandement les transports mais aussi l'industrie de la transformation, notamment celle des engrais chimiques, herbicides, pesticides, etc. Nos modes de production agricole en seront grandement compromis.
En effet, plusieurs groupes de chercheurs se sont penchés sur les conséquences du pic pétrolier. Ils sont unanimes pour déclencher les sonnettes d’alarme auprès des gouvernements. Il faut dès maintenant adapter l’industrie agricole à des modes d’exploitation jamais envisagés auparavant. Les bouleversements sociaux, économiques et politiques qui en découlent sont majeurs sans une prise de conscience rapide. L’histoire est remplie d’exemples : la moindre perturbation dans la sécurité des approvisionnements alimentaires est garante de chaos sociaux.
Une étude commandée par le Club de Rome en 1972 (rapport Meadows) annonçait une décroissance généralisée qui aura des effets sur la population mondiale entre 2020 et 2030. Une reprise de cette étude, en 2014, confirme parfaitement les conclusions de 1972.
Résultats du rapport Meadows, 2014
Le Québec bénéficie de privilèges géographiques exceptionnels : espaces immenses, réserves d’eau potable enviables et des sources d’énergie abondantes et renouvelables. Parallèlement à une probable décroissance de la population, pourrait-on imaginer des arrivées massives de migrants européens et américains à nos frontières dans un avenir rapproché?
Le temps presse pour assurer la sécurité alimentaire, d'autant que les citoyens adhèrent de plus en plus à la consommation locale. Il est primordial que nos dirigeants gouvernementaux prennent conscience rapidement de l’urgence de planifier et de passer à l’acte dès maintenant, car la résistance aux changements (le déni) est la première réaction des êtres humains devant un dilemme de cette ampleur. L’avenir de nos descendants, déjà parmi nous, est peut-être compromise. La responsabilité repose sur chacun des citoyens (la résilience), peu importe où ils se trouvent.